Vantardise, mensonge, fourberie, change, il y en a beaucoup dans les premières comédies de Corneille. Cet article a pour but de dégager l'identité foncière entre les comédies et les tragédies de Corneille à partir de ces thèmes répétitifs. Ils so ...
Vantardise, mensonge, fourberie, change, il y en a beaucoup dans les premières comédies de Corneille. Cet article a pour but de dégager l'identité foncière entre les comédies et les tragédies de Corneille à partir de ces thèmes répétitifs. Ils sont également fréquents dans les pièces baroques, et pour cela, on a souvent qualifié les comédies de Corneille de 'pastorale transposée dans le décor urbain'. Mais en comparant les piéces de Corneille avec des écrits baroques, nous arrivons à conclure qu'elles en sont plutôt des sombres parodies. C'est pour deux raisons. Premièrement, tandis que l'homme baroque multiplie les apparences volontairement pour compenser l'impossibilité d'accéder à l'être, les personnages de Corneille prennent des masques, ou changent de masques pour devenir 'quelqu'un'. Car l'amour étant un choix exclusif, être aimé est prouver la supériorite don't tous les personnages se vantent sans aucune raison (c'est là le comique cornélien). Deuxièmement, la littérature baroque crée un monde quasiment cosmique où la nature métaphorisée participe à tisser la fortune de l'homme qui est en perpétuel mouvement. Le décor en est irréel et fantastique. Au contraire, le lieu des comédies de Corneille est Pqris urbanisé. Il n'est pas un simple décor. Concret et fixé dans le temps, il devient 'le milieu', au sens balzacien. Clos, embourgeoisé, l'espace de la vie moderne qui égalise tous les personnages mais aussi qui les met en état de compétition acharnée, les oblige de se cacher et de prendre des masques et des stratagèmes amoraux dans le concours d'amour. Corneille ne fait pas la satire du moeurs comme Molière mais dévoile le motif essentiel des comportements de ses personnages, lequel on pourrait nommer 'l'amour-propre'. La quête d'amour, c'est celle de justification de leur 'moi'. Mais les expériences que subissent les personnages dans le concours d'amour dévoilent que la quête a été mal placée. Puisque finalement l'amour est une dépendance à l'autrui. Ainsi Corneille fait voir à travers cese comédies que l'amour ne peut satisfaire l'exigence première de l'homme qui est d'être pleinement soi-même avec une identité ferme. Ainsi la voie du héros s'ouvre sur l'échec des personnages des comédies, mais sous l'impulsion du même désir d'obtenir une identité concrète.