Le motif d'androgyne est sûrement problématique dans la mesure où il transgresse la conception de gender moderne qui se sert du fondement de la sociéte bourgeoise naissante. Nous allons reconsidérer le motif d'androgy ...
Le motif d'androgyne est sûrement problématique dans la mesure où il transgresse la conception de gender moderne qui se sert du fondement de la sociéte bourgeoise naissante. Nous allons reconsidérer le motif d'androgyne dans Séraphîta du point de vue de la différence sexuelle, surtout la conception de la bisexualité selon Hélène Cixous.
L'androgynie de Séraphîta représente de manière ambigüe. Elle est moins physique qu'abstraite et idéale. Son androgynie est donnée par les regards des personnages. Dans le premier chapitre 《Séraphitüs》, Séraphîtüs se présente comme un jeune homme qui est l'objet d'adoration de Minna. Son apparence est plus proche de celle d'une femme : 《Son corps, mince et grêle comme celui d'une femme》(p.741), tandis que sa décision forte prouve sa virilté. A la fin du premier chapitre, 《il》 se transforme en 《elle》. Au cours du chapitre 2 《Séraphîta》, Séraphîta reste toujours une jeune fille qu'aime Wilfrid. Elle, à son tour, montre une souplesse coquette en refusant l'amour de Wilfrid : 《N'ai-je pas bien dit ces mots comme Parisiennes de qui vous me racontez les amours 》(p.749). Balzac, pourtant, garde l'indice de l'androgyne obscur : 《Jamais Séraphîta n'a été vue dans sa nudité, comme le sont quelquefois les enfants》(p.787).
Dans le chapitre 3 《Séraphîtüs-Séraphîta》, Balzac concrétise l'idée propre de l'androgynie. M. Beker raconte à Minna et Wilfrid une histoire d'ange qui s'élève du monde terrestre au monde céléste à travers la fusion harmonieuse et idéale des éléments opposées. Il s'agit, ici, d'une constitution de l'androgyne qui s'achève à la dernière étape devant Dieu. Le narrateur dit que 《l'union qui se fait d'un Esprit d'Amour et d'un Esprit de Sagesse met la créature à l'état divin pendant lequel son âme est FEMME, et son corps est HOMME 》(p.778).
Hélène Cixous, dans La Jeune née, distingue deux bisexualités : la bisexualité classique et la bisexualité alternative. Selon lui, la vraie bisexualité n'est pas ce qui annule les différences, mais ce qui les anime, les poursuit, les ajoute. Au début du roman, Balzac représente un personnage exceptionnel qui existe par un sexe en même temps que qu'il possède les caractères d'un sexe opposé. Il n'est pas alniéné ni étouffé à cause du qualificatif androgyne. Dans la deuxième moitié du roman, Balzac utilise plus souvent le nom masculin, par exemple, 'cet être', 'l'être mystérieux', 'cet être inexprimable' pour désigner Séraphîta. A la fin du roman, Séraphîta n'existe plus en tant que entité féminine. Dans le dernier chapitre 《L'assomption》, Balzac lui donne un nouveau nom masculin : Séraphin. Celui-ci est un ange qui n'est ni l'entité masculine, ni l'entité féminine. On dirait que c'est un être moins bisexuel qu'asexuel.
Ainsi l'androgyne dans Séraphîta qui peut communiquer avec le féminisme post-moderne à partir de la transgression de la conception moderne sur la différence sexuelle et de la manifestation de la supériorité du féminin, se renferme-t-il dans le 《fantasme d'un être total, fantasme d'unité》auquel porte très fortement attention Hélène Cixous.