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Alors que la cohérence du langage et l'intégrité corporelle définissaient le personnage dans les pièces antérieures de Samuel Beckett, les personnages de ses pièces radiophoniques semble avoir abdiqué son ancienne unité organique, biographique, psychologique, sociale. [Tous ceux qui tombent] relève de la radio et ne doit pas être joué sur scène. Cette pièce radiophonlque est rédigée en anglais durant l'été 1956 : Beckett, y tirant profit du bruitage possible, met en ondes une dizaine de personnages : il n'a pas à se soucier des contriantes économiques d'une représentation scénique. Dans [Tous ceux qui tombent], on entend des cris d'animaux dans la campagne. En route à pied vers la gare de Bohill, Mrs.Rooney rencontre tour à tour le paysan Christy sur sa charrette à âne, le vieux Tylor à bicyclette, Slocum, scrétaire du champs de courses, dans son automobile. Tous ont des ennuis avec leur moyen de locomotion après arrêtés pour changer quelques mots avec la grosse dame à demi impotente qui geint et peste contre la vie. [Tous ceux qui tombent] marque le retour provisoire de Beckett à la langue anglaise délaissé depuis 1945. C'est aussi son premier essai radiophonique. Les deux phénomènes sont liés par les circonstances, puisqu'il s'agit d'une commande de BBC. Ils ne sont pas moins significatifs. Beckett découvre soudain les pouvoir des média, et s'en enchante. Il met en oeuvre le monde des sons et des bruits, s'efforçant de retrancher les éléments visuels, réduisant les êtres et les choses à leur présence sonore, cris d'anmaux, bruits de machine, vent, pluie, halètement, traînement de pieds. Mais les auditeurs anglais furent également sensibles au réalisme comique des détails, à la caricature de l'Irlande, au pittoresque de la langue. [Cendres] est aussi une pièce radiphonique. Dans cette deuxième pièce pour la radio, le bruitage d'ambiance qui accompagne Henry sur la plage où il avance est beaucoup moins varié qui l'était dans [Tous ceux qui tombent] : il indique seulement les pas sur les galets, et la mer constamment proche, plus ou moins fort. Mais s'y ajoutent d'autres bruits, qui animent l'histoire que se raconte Henry et accompagment les fantômes qu‘il convoque, car Beckett profite du son pour transformer les absents en personnages bien présents dans la tête de son narrateur.Au début de [Paroles et Musiques], Paroles ne supporte Musique, et se plaint de l'entendre ; il préfère réciter un discours mécanique (qui rappelle celui de Lucky) sur le thème de la paresse. Composé un mois après [Paroles et Musiques] - pour Marcel Mihalovici cette fois - [Cascando] conscerne semblablement trois sources sonores, nommées Ouvreur, Voix et Musique, la première ouvrant ou fermant les deux autres, et les faisant alterner ou se produire ensemble.